mercoledì 15 gennaio 2014

HIROSHI SUGIMOTO: ACCELERATED BUDDHA - FONDATION PIERRE BERGÉ - YVES SAINT LAURENT, PARIS





HIROSHI SUGIMOTO
ACCELERATED BUDDHA
commissaires: Hiroshi Sugimoto, Emmanuelle de Montgazon
Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent
5 avenue Marceau - Paris
10/10/2013 - 26/1/2014

Pour sa 20ème exposition, la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent offre une carte blanche à l’artiste japonais Hiroshi Sugimoto. ACCELERATED BUDDHA présente les productions du photographe en regard de chefsd’oeuvres antiques issus de sa collection personnelle.

Hiroshi Sugimoto est un artiste majeur de la photographie moderne. Inventeur du procédé de capture de l’image à très longue exposition, son oeuvre explore le temps et le rapport de l’Homme au réel.

Les civilisations naissent, se propagent puis déclinent inévitablement. L’Égypte ancienne, la Grèce antique, le monde des Celtes ou des Incas ont laissé en disparaissant des ruines splendides, sorte de quintessence destinée aux civilisations suivantes.
Au commencement les hommes vivaient avec les dieux. Il y a environ 500 000 ans, l’apparition de la conscience du temps marque le passage du stade animal au stade humain. Cette conscience du temps est directement liée à la naissance des rituels funéraires. A cette époque, la mort faisait partie intégrante du quotidien, et l’existence des dieux se concentrait sur la frontière séparant la vie de la mort. Dans un contexte de mort omniprésente, c’est plutôt la vie qui représentait une rupture insolite. Les humains passaient le bref moment de vie qui leur était accordé à préparer leur voyage vers une mort éternelle. On édifiait de gigantesques mausolées pour les familles royales, on offrait aux dieux des prières accompagnées de sacrifices.
A l’âge de pierre, période de transition entre l’ignorance et l’éveil, les dieux manifestaient leur présence dans toute la nature : dans le feu, dans l’eau, la pierre, le bois, dans les loups et les renards, la lune et le soleil. Il y a environ 5000 ans, les hommes entrèrent dans l’âge de la civilisation. L’élevage remplaça la chasse, l’agriculture succéda à la cueillette. Les consciences s’éveillèrent, des connaissances furent cultivées et transmises, donnant naissance à la culture. L’Histoire commençait.
Désormais plein de confiance en lui-même, l’être humain devint arrogant. Les innombrables divinités et esprits de l’âge de pierre se synthétisèrent sous forme de dieux à l’apparence humaine, notamment les fondateurs des trois grandes religions : bouddhisme, christianisme et islam. En donnant un statut divin aux plus accomplis parmi les hommes, on abandonnait l’ancienne adoration des idoles au profit de l’être humain, sacré idole suprême. Une fois morts, les fondateurs divinisés firent l’objet d’une idolâtrie sophistiquée qui conduisit à des conflits sectaires et des torrents de sang versé au nom de la religion.
Le bouddhisme, quant à lui, fut fondé en Inde par le Bouddha Sakyamuni, il y a environ 2500 ans. Le mot « Bouddha » signifie littéralement « Éveillé ». Le bouddhisme considère que les êtres sont prisonniers d’un cycle de naissances et de morts qui se perpétue éternellement, les maintenant dans ce monde plein de souffrance, et que seul l’Éveil - le satori - permet d’échapper à ce cycle. Après s’être propagé en Inde, le bouddhisme se divisa en différentes branches : tandis que le Petit Véhicule se diffusait vers le sud de l’Asie, le Grand Véhicule se transmettait au nord, via le Tibet, jusqu’à Tchang’an, capitale de la Chine des Tang. S’épanouissant en Chine au moment même où il entamait son déclin dans l’Inde, son berceau d’origine, le bouddhisme parvint ensuite jusqu’au Japon, aux environs du VIème siècle. Intégré au système impérial en tant qu’élément protecteur et pacificateur, il fut promu au rang de religion officielle au VIIème siècle. Par la suite, le bouddhisme Chan se développa dans la Chine des Song, mais les invasions mongoles du XIIIème siècle poussèrent de nombreux maîtres de cette école à se réfugier au Japon, où elle s’enracina durablement sous le nom de Zen.
Pour cette exposition, j’ai réalisé des images vidéo des mille statues de Boddhisattva du Sanjûsangendô, un temple de Kyôto datant du XIIIème siècle. L’accélération progressive de 48 clichés de ces mille Bouddhas permet de les voir se multiplier jusqu’à un million en cinq minutes. Le Sanjûsangendô, édifié par l’empereur retiré Go-shirakawa, représente le Paradis de la Terre Pure. Ce modèle s’accélère sous nos yeux jusqu’à se fondre et disparaître. Parallèlement à l’oeuvre vidéo sont exposés des soûtras et des reliques évoquant chaque époque.
Hiroshi Sugimoto