domenica 31 agosto 2014

RODIN: L'ACCIDENT. L'ALÉATOIRE - MUSÉE D'ART ET D'HISTOIRE, GENÈVE



RODIN
L'ACCIDENT. L'ALÉATOIRE
Commissaires: Antoinette Le Normand-Romain et Laurence Madeline
Musée d’art et d’histoire
2, rue Charles-Galland - Genève
20 juin 2014 - 28 septembre 2014

S’il a marqué les esprits par sa valorisation du fragment et de l’inachèvement, Auguste Rodin (1840 – 1917) a également renouvelé la sculpture en y introduisant les notions d’aléatoire et d’accident. Acceptant les fruits du hasard, l’artiste intègre à sa démarche artistique des éléments qui ne doivent rien à son initiative personnelle. L’accident devient ainsi processus créatif. Autour de La Muse tragique et grâce à de généreux prêts du Musée Rodin, l’exposition présentée au Musée d’art et d’histoire durant l’été montre comment Rodin, luttant contre les scandales et l’incompréhension, a construit un œuvre qui a ouvert la voie au XXe siècle.

Auguste Rodin : père de la sculpture moderne. Plus qu’une affirmation, c’est un poncif. Mais en quoi l’artiste est-il tellement précurseur ? À partir de l’exemple de La Muse tragique, présente dans les collections du MAH depuis 1896, s’est élaborée une réflexion gravitant autour des notions d’accident et d’aléatoire, éléments qu’Aristote a définis dans sa Poétique comme s’inscrivant dans les règles de l’art : « La péripétie est une révolution subite, produite nécessairement ou vraisemblablement par ce qui a précédé, comme dans l’Œdipe de Sophocle… ». Pour classique que soit la référence au philosophe grec, elle n’en ouvre pas moins le champ d’une démarche révolutionnaire. Car placer l’accidens dans la matière même de l’art, en l’occurrence de la sculpture, va à l’encontre de la tradition académique qui efface tout ce qui témoigne des aléas de la fabrication et de la création pour ne conserver que la trace lisse et lisible de l’idée et de l’intention de l’artiste.
Telle sculpture se brise en atelier, à l’image de l’Homme au nez cassé dont le plâtre se casse par un jour de grand froid, pour s’apparenter davantage à un masque et que Rodin fait couler en bronze ; à l’image également de La Muse tragique qui subit quelque dommage avant la fonte, mais que l’artiste donne en cadeau, avec ses imperfections, à la Ville de Genève. Ces deux œuvres révèlent déjà à elles seules la modernité de l’approche artistique de Rodin, une modernité pas toujours comprise par ses contemporains si l’on en croit, par exemple, la réception qui fut réservée à La Muse tragique.
Ces différents aspects constituent le fil rouge de cette nouvelle exposition du Musée d’art et d’histoire de Genève. Un événement qui bénéficie du soutien exceptionnel du Musée Rodin de Paris, qui a consenti à de magnifiques prêts, accompagné en cela par d’autres musées comme le musée d’Orsay, le Victoria and Albert Museum, la Neue Pinakothek de Munich ou encore la Fondation Beyeler. Dessins, photographies, sculptures monumentales ou petites, ce sont environ quatre-vingts œuvres qui viennent compléter et éclairer le fonds que le Musée d’art et d’histoire doit à la générosité de Rodin lui-même.